Caractéristiques du milieu naturel


Les pelouses sèches

C’est le botaniste et universitaire Jules Offner qui le premier en 1905, avec Louis Vidal, a signalé une singularité de la région grenobloise : ses colonies botaniques méridionales. Celui-ci a en effet observé sur de nombreux versants des environs de Grenoble et sur les collines bordières de Belledonne des espèces végétales habituellement connues plus au Sud, à partir de Valence.

Ces plantes se sont installées ici à la faveur de conditions de sol et de climat favorables (micro-climat de versant Sud, substrat géologique très filtrant…).
Ces stations sont localisées sur les contreforts méridionaux de la Chartreuse (la Bastille, le Néron…), sur le rebord oriental du Vercors et sur les collines bordières de Belledonne (Venon, Saint Martin d’Uriage, le Mûrier…).


Une "pelouse" n’est donc pas synonyme de gazon anglais ; c’est un écosystème particulier caractérisé par une végétation herbacée de faible hauteur souvent peu dense et présentant des zones de sol dénudé, permettant à de nombreuses espèces végétales de trouver un peu d’espace. Les pelouses sont différentes des "prairies" proprement dites où la végétation, plus haute et plus dense, est dominée par les graminées.

Les sols pauvres des pelouses ne permettent généralement que le développement d’herbes assez rares, de plantes ligneuses naines, de plantes annuelles ou bulbeuses, parmi lesquelles de véritables trésors naturalistes.

Depuis 1970, 50 à 75 % des pelouses sèches ont disparues ! Nos paysages de relief ont subi des transformations considérables par abandon progressif des prés et pâtures les plus escarpés et par urbanisation des pieds de versant.


3 expertises sont à prendre en compte pour la protection des espaces venonais :

- en 1982, l’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) qui a eu pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques à préserver.
Cet inventaire est devenu aujourd’hui un des éléments majeurs de la politique de protection de la nature. Il doit être consulté dans le cadre de projets d’aménagement du territoire et donc dans l’élaboration du PLU. Cet inventaire déjà ancien ne recouvre qu’une fraction des pelouses et coteaux secs d’intérêt patrimonial.

- en 2000, l’expertise sur les pelouses sèches de Venon qui a été réalisée à l’échelle de l’Espace Belledonne par la FRAPNA, GENTIANA, CORA, GRPLS, FLAVIA et AVENIR (Agence pour la Valorisation des Espaces Naturels Isérois Remarquables) sur les milieux naturels, la faune et la flore remarquables des communes de l’Espace Belledonne

- en 2009, l’étude des collines de Belledonne (de St Martin d’Uriage et Venon à St Maximim) et d’une partie du Sud Grenoblois par le Conservatoire des Espaces Naturels de l’Isère. C’est cette étude qui a été l’objet de l’exposition.


La commune de Venon possède une surface importante de coteaux secs à haute valeur patrimoniale. Ces milieux étaient autrefois plus nombreux encore grâce à une agriculture traditionnelle d’élevage nécessitant des prairies de fauche et des lieux de pâture. Ces derniers sont en régression.

La déprise agricole laisse regagner les boisements dans les parties hautes et raides et l’urbanisation occupe le pieds de coteaux ensoleillés.
Au milieu, le mitage de l’urbanisme et le boisement se combinent négativement.

Proches des habitations et en continuité avec les prairies plus productives, les pelouses doivent être pâturées en système extensif et permettre ainsi de maintenir le milieu ouvert et de favoriser ou conserver la présence d’espèces patrimoniales faunistiques et floristiques.

En mosaïque avec les habitats de pelouses sèches, la présence de quelques jeunes boisements de Chêne pubescent et de fourrés sert de zone refuge pour l’avifaune et les insectes associés.

Sur le versant raide du Sonnant, sous Réné, l’embroussaillement et le boisement ne sont freinés que par quelques enclos.


Les plantes répertoriées :

Plantes déterminantes ZNIEFF :

Epipactis verâtre, Homme-pendu, Limodore à feuilles avortées, Ophrys abeille, Ophrys araignée,  Ophrys bourdon, Orchis pyramidal, Orobanche jaune, Panicaut des champs.


Orchidées remarquables :

Céphalenthère à longues feuilles, Epipactis pourpre noirâtre, Ophrys mouche, Orchis bouffon, Orchis brûlé, Orchis homme pendu, Orchis mâle, Orchis militaire, Orchis moucheron, Orchis pourpre, Orchis singe, Platanthère à deux feuilles.


L’objectif des expertises est de proposer aux acteurs et décideurs des actions de préservation des espaces naturels ayant un intérêt patrimonial.

Mais les enjeux de conservation de ces espaces vont au delà des enjeux de bio-diversité; ils sont également de nature paysagère et sociale car la forte déprise agricole et la reconquête de la forêt menacent notre environnement rural.


L’expertise de 2000 a préconisé :

- de maintenir la fauche pour garder un milieu ouvert et ainsi améliorer ou maintenir la diversité floristique des prairies sèches, notamment en orchidées,

- d’éviter tout travail agricole entre le 1er mai et le 1er juillet, d’éviter le labour et la fertilisation minérale, mais d’appliquer un pâturage extensif, une fauche d’automne avec exportation des produits ou une pâture des regains d’automne,

- de conserver les arbres isolés,

- de conserver les vergers, les vieux arbres et les prairies en bordure de village,

- d’’inscrire ces milieux dans le PLU, comme N, afin de permettre le maintien des pratiques agricoles et d’éviter l’urbanisation sur ces espaces à haute valeur écologique (la zone N concerne les espaces naturels à protéger à un ou plusieurs titres)


L’étude de 2009 du Conservatoire a préconisé :

- la conservation des pratiques agricoles sur ces milieux. Elle est essentielle au maintien en bon état de ces milieux à haute valeur patrimoniale ( maintien du milieu ouvert, faible pourcentage d’embroussaillement,

- l’inscription de ces milieux dans le PLU, comme N afin de permettre le maintien des pratiques agricoles et d’éviter l’urbanisation sur ces espaces à haute valeur écologique,

  1. - le porté à connaissance de ces éléments de patrimoine et la sensibilisation de la population locale qui peut s’appuyer sur la présente exposition.

    En tant que participants à la commission extra-municipale sur l’agriculture, VPP soutient donc la prise en considération de toutes ces études dans les futurs travaux du PLU ainsi que toutes les initiatives communales qui pourraient être prises pour le maintien de l’agriculture à Venon.


La forêt

La diversité des espèces végétales est importante en raison de la richesse organique du milieu sur substrat calcaire.
Il existe une grande diversité d’espèces rassemblées sur un espace relativement restreint.
Les essences forestières rencontrées sont le chêne, le châtaignier, le charme et divers feuillus.


La forêt communale

La commune de Venon possède très peu de forêts, un peu moins de 20 hectares seulement partagés en 4 tènements d’importance inégale et disjoints :

- au Nord Ouest, "Sur Gières"
- au Nord Est, "la Montagne",
- à l’Est, "les Maillery"
- au Sud, "les Rivoires" qui représentent 90 % du total.

C’est l’Office National des Forêts qui est habilité à assurer l’entretien et le renouvellement de cette petite forêt communale. Le 27 septembre 2010, un plan d’aménagement forestier a été présenté à la commission "agriculture" par l’ONF pour la période 2011-2032.

La forêt venonaise présente des enjeux de production faibles et variables puisque seuls 6,4 hectares aux Rivoires méritent qu’on les valorise. Ils se trouvent malheureusement sur un versant sud, donc globalement sec, mais avec des variations donnant une potentialité de croissance des arbres plus grande par endroits

Le peuplement forestier se compose de taillis simples pour bois de chauffage et de taillis avec bois de futaie pour bois d'œuvre. Dans ces parcelles, la diversité des essences est plutôt riche.

Pour l'exploitation, s'il existe un bon réseau de chemins ils sont à ré-aménager avec des travaux conséquents qui seraient entrepris par l'ONF.
Avec une production d'un peu plus de 3,5 m3 par hectare et par an, soit un peu moins d'un tiers de la production biologique, on peut entretenir une partie de la forêt communale en équilibrant le budget (recettes - dépenses).

La commission a été consultée avant vote du projet par le conseil municipal; Venon, Paysage et Patrimoine s'est prononcé pour le projet non pour son intérêt financier (qui sera nul) mais pour son rôle patrimonial (la forêt des Rivoires sera en partie entretenue et ses beaux arbres valorisés) et préventif en matière de glissements de terrains et d'incendies.

Par contre, nous nous sommes prononcés contre la création de pistes trop larges dans la forêt, dénaturant les lieux.

Par ailleurs, nous ne sommes pas favorables à une demande de classement PDIPR du chemin des Rivoires : l'intérêt de balades à pied, en VTT ou à cheval dans la forêt des Rivoires, en contrebas du chemin des Combasses et en direction de la combe d'Uriage nous semble trop faible pour justifier des investissements financiers importants.

La forêt privée

La majorité de la forêt venonaise est privée et si nos ancêtres Venonais se promenaient aujourd’hui dans nos forêts, il seraient étonnés par son état : ce ne sont qu’enchevêtrements de troncs et de branches rendant parfois le passage à pied difficile.

Aujourd’hui, les forêts de Venon n’ont plus d’intérêt économique pour la majorité de leurs propriétaires. Si bien que la forêt est souvent abandonnée. Cela entraîne un vieillissement des bois par manque d’entretien. Ils sont alors fragilisés et endommagés par les tempêtes.

Par ailleurs, le bois mort d'une forêt qu'on ne récupère pas, rejette en pourrissant au sol autant de CO2 que lors de sa combustion en bois de chauffage.

2 ou 3 personnes seulement exploitent leur bois sur Venon, c’est une très bonne chose mais il faudrait trouver une solution pour le reste de la forêt privée afin de la gérer dans son ensemble et d'aider les propriétaires qui n'ont pas les moyens de l'entretenir.

La seule possibilité nous semble se trouver dans un regroupement avec les communes de l'Espace Belledonne afin de réunir tous les acteurs concernés pour réfléchir aux possibilités de valorisation de cette forêt privée.
On parle aujourd'hui d'énergies renouvelables, de filières bois, de production de proximité; peut-être peut-on trouver à l'échelle du territoire de Belledonne une possibilité de valorisation de la forêt privée ?
Cela se fait déjà dans notre département où cinq territoires (le Trièves, le Vercors, la Chartreuse, les Chambarran et l'agglomération grenobloise) ont signé avec le Conseil Général une "charte forestière de territoire".
A moins que, étant maintenant dans la METRO, nous puissions nous intégrer dans la charte forestière de l'agglomération…

Au sujet des exploitations de bois privées qui se font actuellement, il faut être vigilant : si une approche biodynamique de la forêt est souhaitable, il faut trouver un juste équilibre entre la protection des sols pour participer à la formation d’un humus nutritif et l'entretien à minima des zones après les coupes pour une valorisation du paysage et pour une protection contre les risques d’incendie. Par ailleurs nous demandons à la municipalité d'être vigilante sur la remise en état des sentiers après le passage des tracteurs (suppression des ornières et réfection des cunettes pour évacuer l'eau de ruissellement et éviter le ravinement).

En outre, les incendies de 2004 doivent nous faire prendre conscience que l’entretien et l’aménagement des forêts dépassent les seules vocations économique, paysagère ou environnementale : il faut aussi gérer la forêt pour éviter aussi les risques majeurs que sont les glissements de terrains et les incendies.



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