La ganterie de Grenoble

On peut dire qu’il y a eu une vraie civilisation du gant à Grenoble.
Même si l’aventure a commencé dès le XVI° siècle, cela a représenté jusqu’à la moitié des emplois de l’agglomération grenobloise au XIX° siècle.

Et cette histoire est le témoignage de la capacité des hommes et des femmes de la région à s’adapter à un environnement qui n’était pas favorable.
Les montagnes dauphinoises n’offraient guère la possibilité d’une agriculture prospère.
On ne pouvait y faire souvent que de l’élevage, et en particulièrement de l’élevage de chèvre.
La peau de ces animaux plus l’eau des montagnes, ainsi put naître une utilisation de cette modeste ressource. La peau de chevreau fut l’originalité de la ganterie.


Elle se développa d’abord sur le mode artisanal. Elle enrichit aussi bien des ateliers qui s’y consacraient exclusivement que de nombreux villageois dans toute la région autour de Grenoble qui trouvaient là des revenus complémentaires.

Le XIX° siècle, avec des innovations remarquables et avec une formidable agressivité commerciale par delà les océans, voit le développement d’une véritable industrie.
En emplois directs ou induits, 4 000 ouvriers, dans des usines et des fermes du Dauphiné y ont trouvé une réelle richesse, sans parler de belles destinées d’entrepreneurs qui se sont créer..

À partir de 1900, les entreprises sont installées dans les «quartiers bourgeois», mais les plus importantes sont dans le quartier Berriat, la «citadelle ouvrière» de Grenoble à cette époque. Les tanneries et les mégisseries ont tendance à s’éloigner sur la périphérie (L’Ile-Verte) et dans la banlieue (Fontaine) jusqu’à leur disparition.» (Michèle Dozières).


Aujourd’hui la fabrication du gant en chevreau, célèbre en son temps dans le monde entier, a pratiquement disparu. Mais on dit à Grenoble que la ganterie, par ses audaces techniques et par son dynamisme commercial, a montré une voie que suivront, avec d’autres technologies, les entrepreneurs contemporains.


La fabrication du gant se faisait en plusieurs étapes :

- La coupe : la préparation de la peau et la coupe étaient des tâches essentiellement masculines.
Le coupeur devait travailler habilement, en sachant que chaque geste d’étirement serait définitif et qu’il faudrait vivre avec ses conséquences. Une fois aplanie, la peau devait être découpée en formes de mains et de pouces. Cette découpe se faisait avec des gabarits (inventés par Xavier Jouvin) et l’habileté du coupeur se jugeait à la faible quantité de «tombées» qu’il laissait après la coupe, c’est-à-dire au pourcentage de peau qu’il avait su utiliser, et la qualité de l’étirage de la peau qui devait être très régulier pour maintenir la même couleur partout.

Pour constituer un gant, il fallait deux formes de mains (pour le dessus et pour la paume), lesquelles étaient cousues à la forme de pouce que l’on repliait en forme d’étui pour ce doigt.

- La couture : il fallait ensuite coudre ensemble les formes des doigts. Mais comme les formes étaient découpées à plat, il fallait un moyen de donner du volume aux doigts pour qu’on puisse enfiler les gants. Pour cela on utilisait deux pièces spéciales : les "fourchettes" et les "cœurs".

La couture était une activité essentiellement féminine.
Il y avait les couseuses qui travaillaient soit à la machine, soit à la main. Le «piqué main» était évidemment beaucoup plus cher mais les clients s’en vantaient volontiers.
Il y avait quatre sortes de coutures mécaniques : le piqué anglais, le point sellier, le point Brosser, et le surjet.
Pour coudre une paire de gants à la main il fallait 3 heures ; à la machine une demi-heure seulement. Certaines couseuses étaient spécialisées dans le montage des crispins, manchette de cuir adaptée à certains gants.

- La broderie : venait enfin la broderie, exécutée elle aussi par les femmes, c’est à dire  l’exécution de ces fines bandes en relief qui étaient sur le dos des la main des gants ou de trois lignes de points disposées en éventail sur le dessus du gant. C’était un travail usant pour la minutie qu’il exigeait, et très fatigant pour les yeux.


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